Quai 36 invite des street artistes à colorer halls de gare et palissades de chantiers

« Producteur d’art urbain », le collectif Quai 36 opère la jonction entre les street-artistes et les promoteurs de chantier. L’enjeu ? Diffuser art et culture visuelle en ville, et plus précisément sur les façades tristes des chantiers de construction.

Chantiers de construction, blocs de béton, mobilier urbain impersonnel, murs désespérément gris… Vivre en ville, c’est aussi déambuler au quotidien parmi des volumes et des espaces dont l’usage prime sur l’esthétique – et de loin. Mais ce n’est pas une raison pour abandonner l’espace urbain à la grisaille et au ciment brut. Injecter de l’art et des couleurs pour recouvrir les cicatrices de nos cités, c’est la mission que s’est confié Quai 36.

Quai 36, qui se considère comme un « producteur d’art urbain », est un collectif né en 2013, avant de se faire un nom lorsqu’il a fait intervenir 22 artistes urbains sur l’ensemble de la Gare du Nord de Paris. « L’idée était d’intervenir dans l’espace public et amener de la culture pour les usagers, le personnel, en ayant réfléchi au principe de musée », explique Liselotte Deforge au micro de The Dissident. Sur le murs des couloirs de la plus grande gare d’Europe (à vérif), les fresques peintes par les artistes injectent un peu de couleur et d’irréel dans les yeux des passants pressés.

Côté artistes, d’ailleurs, l’enthousiasme semble total… d’autant plus lorsqu’on sait le passif entre le monde du graffiti et du street-art et celui de la RATP et de la SNCF :

« C’est le bonheur total de peindre dans un lieu qui est normalement illégal… Je me suis retournée plusieurs fois en pensant qu’on allait m’arrêter, mais non en fait ! […] D’habitude c’est juste impossible de taguer une institution comme la Gare du Nord… C’est pas tout à fait une revanche, mais ça fait très plaisir », raconte la street-artiste Univers 43, qui a participé au projet.

Depuis, la structure Quai 36 a monté d’autres projets similaires, dans d’autres gares, à Paris comme ailleurs en France, mais également sur d’autres chantiers. Ils font ainsi la jonction entre des entreprises de construction ou des promoteurs, et des street-artistes. Les premiers bénéficient de l’embellissement de leurs chantiers, les seconds d’un emploi et d’une surface d’exposition pour leurs œuvres, pour le plaisir des yeux de tous. Et en seulement deux ans, ils ont réussi la prouesse d’employer 70 street-artistes. Même si pour Quai 36, au fond, cette appellation de « street-artiste » est peut-être un peu trop réductrice.

« On pourrait argumenter sur le street-art des heures, mais je considère que ce sont des peintres auxquels on fait appel : on met de la lumière et de la couleur dans la vie des gens, on rend l’art accessible au plus grand nombre », comme déclare Jonas Ramuz, le président de Quai 36, à la caméra des Echos Start.

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Actuellement, Quai 36 a posé ses valises à Gennevilliers, en Seine-Saint-Denis. Le collectif a proposé au street-artiste Saddo de couvrir de l’une de ses créations une palissade de 192 m2 et 3 mètres de haut, au cœur de la ville. L’artiste roumain investit sur les murs du chantier de la future Villa Icône une fresque colossale que le collectif décrit comme « inspirée des tapisseries brodées du Moyen-Âge ». Saddo a été choisi pour injecter un peu de nature le long de l’avenue Gabriel Péri de Gennevilliers, non loin du périph’. Que vous soyez sensible à l’esthétique du street-art ou pas, ce projet signé Quai 36 devrait rendre la jungle urbaine un peu moins étouffante. Et on aime ça !

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